Et pourtant, dans cette pitié de Thérèse qu'il implorait si ardemment pour
s'en offenser aussitôt qu'elle lui était rendue, il y avait un respect
enthousiaste et peut-être même un peu fanatique pour le génie de
l'artiste. Cette femme, qu'il accusait d'être bourgeoise et inintelligente
quand il la voyait travailler à son bien-être à lui avec candeur et
persévérance, elle était grandement artiste, au moins dans son amour,
puisqu'elle acceptait la tyrannie de Laurent comme étant de droit divin,
et lui sacrifiait sa propre fierté, son propre travail, et ce qu'une autre
moins dévouée eût peut-être appelé sa propre gloire.
Et lui, l'infortuné, il voyait et comprenait ce dévouement, et, lorsqu'il
s'apercevait de son ingratitude, il était dévoré de remords qui le
brisaient. Il lui eût fallu une maîtresse insouciante et robuste qui se
fut moquée de ses colères comme de ses repentirs, qui n'eût souffert de
rien, pourvu qu'elle le dominât. Telle n'était pas Thérèse. Elle se
mourait de fatigue et de chagrin, et, en la voyant dépérir, Laurent
cherchait dans le suicide de son intelligence, dans le poison de l'ivresse,
l'oubli momentané de ses propres larmes.
XIII
Un soir, il lui fit une si longue et si incompréhensible querelle, qu'elle
ne l'entendit plus et s'assoupit sur son fauteuil. Au bout de quelques
instants, un léger frôlement lui fit ouvrir les yeux. Laurent jeta
convulsivement par terre quelque chose de brillant: c'était un poignard.
Thérèse sourit et referma les yeux. Elle comprenait faiblement, et comme à
travers le voile d'un rêve, qu'il avait songé à la tuer. En ce moment tout
était indifférent à Thérèse. Se reposer de vivre et de penser, que ce fût
sommeil ou mort, elle laissait le choix à la destinée.
C'était la mort qu'elle méprisait. Laurent crut que c'était lui, et, se
méprisant lui-même, il la quitta enfin.
Trois jours après, Thérèse, décidée à faire un emprunt qui lui permît un
voyage sérieux, une absence réelle (cette vie de déchirements et de
bourrasques tuait son travail et ruinait son existence), alla au quai aux
Fleurs et acheta un rosier blanc, qu'elle envoya à Laurent sans donner son
nom au porteur. C'était son adieu. En rentrant chez elle, elle y trouva un
rosier blanc anonyme: c'était aussi l'adieu de Laurent. Tous deux
partaient, tous deux restèrent. La coïncidence de ces rosiers blancs émut
Laurent jusqu'aux larmes. Il courut chez Thérèse, et la trouva achevant
ses paquets. Sa place était retenue dans le courrier pour six heures du
soir. Celle de Laurent l'était aussi dans la même voiture. Tous deux
avaient pensé revoir l'Italie l'un sans l'autre.
--Eh bien, partons ensemble! s'écria-t-il.
--Non, je ne pars plus, répondit-elle.
--Thérèse, lui dit-il, nous aurons beau vouloir! ce lien atroce qui nous
unit ne se rompra jamais. C'est folie d'y songer encore. Mon amour a
résisté à tout ce qui peut briser un sentiment, à tout ce qui peut tuer
une âme. Il faut que tu m'aimes comme je suis, ou que nous mourrions
ensemble. Veux-tu m'aimer?
--Je le voudrais en vain, je ne peux plus, dit Thérèse. Je sens mon coeur
épuisé: je crois qu'il est mort.
--Eh bien, veux-tu mourir?
--Il m'est indifférent de mourir, tu le sais; mais je ne veux ni de ta vie
ni de ta mort avec moi.
--Ah! oui, tu crois à l'éternité du _moi!_ Tu ne veux pas me retrouver
dans l'autre vie! Pauvre martyre, je comprends cela!
--Nous ne nous retrouverons pas, Laurent; j'en ai la certitude. Chaque âme
va vers son foyer d'attraction. Le repos m'appelle, et, toi, tu seras
toujours et partout attiré par la tempête.
--C'est-à-dire que tu n'as pas mérité l'enfer, toi!
--Tu ne l'as pas mérité non plus. Tu auras un autre ciel, voilà tout!
--En ce monde, qu'est-ce qui m'attend, si tu me quittes?
--La gloire quand tu ne chercheras plus l'amour.
Laurent devint pensif. Il répéta machinalement plusieurs fois: «La
gloire!» puis il s'agenouilla devant la cheminée en tisonnant, comme il
avait coutume de faire quand il voulait être seul avec lui-même. Thérèse
sortit pour décommander son départ. Elle savait bien que Laurent l'eût
suivie.
Quand elle rentra, elle le trouva très-calme et très-enjoué.
--Ce monde, lui dit-il, n'est qu'une plate comédie; mais pourquoi vouloir
s'élever au-dessus de lui, puisque nous ne savons pas ce qu'il y a plus
haut, et même s'il y a quelque chose? La gloire, dont tu ris
intérieurement, je le sais fort bien...
--Je ne ris pas de celle des autres...
--Qui, les autres?
--Ceux qui y croient et qui l'aiment.
--Dieu sait si j'y crois, Thérèse, et si je ne m'en moque pas comme d'une
farce! Mais on peut bien aimer une chose dont on sait le peu de valeur. On
aime un cheval quinteux qui vous casse le cou, le tabac qui vous
empoisonne, une mauvaise pièce qui vous fait rire, et la gloire qui n'est
qu'une mascarade! La gloire! qu'est-ce pour un artiste vivant? Des
articles de journaux qui vous éreintent et qui font parler de vous, et
puis des éloges que personne ne lit, car le public ne s'amuse que des
critiques acerbes, et, quand on porte son idole aux nues, il ne s'en
soucie plus du tout. Et puis des groupes qui se pressent et se succèdent
devant une toile peinte, et puis des commandes monumentales qui vous
transportent de joie et d'ambition, et qui vous laissent moitié mort de
fatigue sans avoir réalisé votre idée... Et puis... l'Institut... une
réunion de gens qui vous détestent, et qui eux-mêmes...
Ici Laurent se livra aux plus amers sarcasmes, et termina son dithyrambe
en disant:
--N'importe! voilà la gloire de ce monde! On crache dessus, mais on ne
peut s'en passer, puisqu'il n'y a rien de mieux!
Leur entretien se prolongea ainsi jusqu'au soir, railleur, philosophique,
et peu à peu tout à fait impersonnel. On eût dit, à les entendre et à les
voir, deux paisibles amis qui ne s'étaient jamais brouillés. Cette
situation étrange s'était répétée plusieurs fois au beau milieu de leur
grande crise: c'est que, quand leurs coeurs se taisaient, leurs
intelligences se convenaient et s'entendaient encore.
Laurent eut faim et demanda à dîner avec Thérèse.
--Et votre départ? lui dit-elle. Voici l'heure qui approche.
--Puisque vous ne partez plus, vous!
--Je partirai si vous restez.
--Eh bien, je partirai, Thérèse. Adieu!
Il sortit brusquement et revint au bout d'une heure.
--J'ai manqué le courrier, dit-il, ce sera pour demain. Vous n'avez pas
encore dîné?
Thérèse, préoccupée, avait oublié son repas sur la table.
--Ma chère Thérèse, lui dit-il, accordez-moi une dernière grâce; venez
dîner avec moi quelque part, et allons ce soir ensemble à quelque
spectacle. Je veux redevenir votre ami, rien que votre ami. Ce sera ma
guérison et notre salut à tous les deux. Éprouvez-moi. Je ne serai plus ni
jaloux, ni exigeant, ni même amoureux. Tenez, sachez-le, j'ai une autre
maîtresse, une jolie petite femme du monde, menue comme une fauvette,
blanche et fine comme un brin de muguet. C'est une femme mariée, je suis
l'ami de son amant, que je trompe. J'ai deux rivaux, deux dangers de mort
à braver chaque fois que j'obtiens un tête-à-tête. C'est fort piquant, et
c'est là tout le secret de mon amour. Donc, mes sens et mon imagination
sont satisfaits de ce côté-là; c'est mon coeur tout seul et l'échange de
mes idées avec les vôtres que je vous offre.
--Je les refuse, dit Thérèse.
--Comment! vous aurez la vanité d'être jalouse d'un être que vous n'aimez
plus?
--Certes, non! Je n'ai plus ma vie à donner, et je ne comprends pas une
amitié comme celle que vous me demandez sans un dévouement exclusif. Venez
me voir comme mes autres amis, je le veux bien; mais ne me demandez plus
d'intimité particulière, même apparente.
--Je comprends, Thérèse; vous avez un autre amant!
Thérèse leva ses épaules et ne répondit rien. Il mourait d'envie qu'elle
se vantât d'un caprice, comme il venait de le faire vis-à-vis d'elle. Sa
force abattue se ranimait et avait besoin d'un combat. Il attendait avec
anxiété qu'elle répondît à son défi pour l'accabler de reproches et de
dédains, et lui déclarer peut-être qu'il venait d'inventer cette maîtresse
pour la forcer à se trahir elle-même. Il ne comprenait plus la force
d'inertie de Thérèse. Il aimait mieux se croire haï et trompé qu'importun
ou indifférent.
Elle le lassa par son mutisme.
--Bonsoir, lui-dit-il. Je vais dîner, et, de là, au bal de l'opéra, si je
ne suis pas trop gris.
Thérèse, restée seule, creusa, pour la millième fois en elle-même, l'abîme
de cette mystérieuse destinée. Que lui manquait-il donc pour être une des
plus belles destinées humaines? La raison.
--Mais qu'est-ce donc que la raison? se demandait Thérèse, et comment le
génie peut-il exister sans elle? Est-ce parce qu'il est une si grande
force qu'il peut la tuer et lui survivre? Ou bien la raison n'est-elle
qu'une faculté isolée dont l'union avec le reste des facultés n'est pas
toujours nécessaire?
Elle tomba dans une sorte de rêverie métaphysique. Il lui avait toujours
semblé que la raison était un ensemble d'idées et non pas un détail; que
toutes les facultés d'un être bien organisé lui empruntaient et lui
fournissaient tour à tour quelque chose; qu'elle était à la fois le moyen
et le but, qu'aucun chef-d'oeuvre ne pouvait s'affranchir de sa loi, et
qu'aucun homme ne pouvait avoir de valeur réelle après l'avoir résolument
foulée aux pieds.
Elle repassait dans sa mémoire la vue de grands artistes, et regardait
aussi celle des artistes contemporains. Elle voyait partout la règle du
vrai associée au rêve du beau, et partout cependant des exceptions, des
anomalies effrayantes, des figures rayonnantes et foudroyées comme celle
de Laurent. L'aspiration au sublime était même une maladie du temps et du
milieu où se trouvait Thérèse. C'était quelque chose de fiévreux qui
s'emparait de la jeunesse et qui lui faisait mépriser les conditions du
bonheur normal en même temps que les devoirs de la vie ordinaire. Par la
force des choses, Thérèse elle-même se trouvait jetée, sans l'avoir désiré
ni prévu, dans ce cercle fatal de l'enfer humain. Elle était devenue la
compagne, la moitié intellectuelle d'un de ces fous sublimes, d'un de ces
génies extravagants; elle assistait à la perpétuelle agonie de Prométhée,
aux renaissantes fureurs d'Oreste; elle subissait le contre-coup de ces
inexprimables douleurs sans en comprendre la cause, sans en pouvoir
trouver le remède.
Dieu était encore dans ces âmes rebelles et torturées cependant, puisqu'à
certaines heures Laurent redevenait enthousiaste et bon, puisque la source
pure de l'inspiration sacrée n'était pas tarie; ce n'était point là un
talent épuisé, c'était peut-être encore un homme de beaucoup d'avenir.
Fallait-il l'abandonner à l'envahissement du délire et à l'hébétement de
la fatigue?
Thérèse avait, disons-nous, trop côtoyé cet abîme pour n'en point partager
quelquefois le vertige. Son propre talent comme son propre caractère avait
failli s'engager à son insu dans cette voie désespérée. Elle avait eu
cette exaltation de la souffrance qui fait voir en grand les misères de la
vie, et qui flotte entre les limites du réel et de l'imaginaire; mais, par
une réaction naturelle, son esprit aspirait désormais au vrai, qui n'est
ni l'un ni l'autre, ni l'idéal sans frein, ni le fait sans poésie. Elle
sentait que c'était là le beau, et qu'il fallait chercher la vie
matérielle simple et digne pour rentrer dans la vie logique de l'âme. Elle
se faisait de graves reproches de s'être manqué si longtemps à elle-même:
puis, un instant après, elle se reprochait également de se trop préoccuper
de son propre sort en présence du péril extrême où celui de Laurent
restait engagé.
Par toutes ses voix, par celle de l'amitié comme par celle de l'opinion,
le monde lui criait de se relever et de se reprendre. C'était là le devoir
en effet selon le monde, dont le nom en pareil cas équivaut à celui
d'ordre général, d'intérêt de la société: «Suivez le bon chemin, laissez
périr ceux qui s'en écartent.» Et la religion officielle ajoutait: «Les
sages et les bons pour l'éternel bonheur, les aveugles et les rebelles
pour l'enfer!» Donc, peu importe au sage que l'insensé périsse?
Thérèse se révolta contre cette conclusion.
--Le jour où je me croirai l'être le plus parfait, le plus précieux et le
plus excellent de la terre, se dit-elle, j'admettrai l'arrêt de mort de
tous les autres; mais, si ce jour-là m'arrive, ne serai-je pas plus folle
que tous les autres fous? Arrière la folie de la vanité, mère de
l'égoïsme! Souffrons encore pour un autre que moi!
Il était près de minuit lorsqu'elle se leva du fauteuil où elle s'était
laissée tomber inerte et brisée quatre heures auparavant. On venait de
sonner. Un commissionnaire apportait un carton et un billet. Le carton
contenait un domino et un masque de satin noir. Le billet contenait ce peu
de mots de la main de Laurent: _Senza veder, senza parlar_.
Sans se voir et sans se parler... Que signifiait cette énigme? Voulait-il
qu'elle vint au bal masqué l'intriguer par une aventure banale? voulait-il
essayer de l'aimer sans la reconnaître? Était-ce fantaisie de poëte ou
insulte de libertin?
Thérèse renvoya le carton et retomba dans son fauteuil; mais l'inquiétude
ne l'y laissa plus réfléchir. Ne devait-elle pas tout tenter pour arracher
cette victime à l'égarement infernal?
--J'irai, dit-elle, je le suivrai pas à pas. Je verrai, j'entendrai sa vie
en dehors de moi, je saurai ce qu'il y a de vrai dans les turpitudes qu'il
me raconte, à quel point il aime le mal naïvement ou avec affectation,
s'il a vraiment des goûts dépravés, ou s'il ne cherche qu'à s'étourdir.
Sachant tout ce que j'ai voulu ignorer de lui et de ce mauvais monde, tout
ce que j'éloignais avec dégoût de ses souvenirs et de mon imagination, je
découvrirai peut-être un joint, un biais, pour l'arracher à ce vertige.
Elle se rappela le domino que Laurent venait de lui envoyer, et sur lequel
elle avait pourtant à peine jeté les yeux. Il était en satin. Elle en
envoya chercher un en gros de Naples, mit un masque, cacha ses cheveux
avec soin, se munit de noeuds de rubans de diverses couleurs, afin de
changer l'aspect de sa personne, dans le cas où Laurent viendrait à la
soupçonner sous ce costume, et, demandant une voiture, elle se rendit
toute seule et résolument au bal de l'Opéra.
Elle n'y avait jamais mis les pieds. Le masque lui semblait une chose
insupportable, étouffante. Elle n'avait jamais essayé de contrefaire sa
voix et ne voulait être devinée de personne. Elle se glissa muette dans
les corridors, cherchant les coins isolés quand elle était lasse de
marcher, ne s'y arrêtant pas quand elle voyait quelqu'un approcher d'elle,
ayant toujours l'air de passer, et réussissant plus facilement qu'elle ne
l'avait espéré à être complètement seule et libre dans cette foule agitée.
C'était l'époque où l'on ne dansait pas au bal de l'Opéra, et où le seul
déguisement admis était le domino noir. C'était donc une cohue sombre et
grave en apparence, occupée peut-être d'intrigues aussi peu morales que
les bacchanales des autres réunions de ce genre, mais d'un aspect imposant,
vu de haut, dans son ensemble. Puis tout à coup, d'heure en heure, un
bruyant orchestre jouait des quadrilles effrénés, comme si
l'administration, luttant contre la police, eût voulu entraîner la foule à
enfreindre sa défense; mais personne ne paraissait y songer. La noire
fourmilière continuait à marcher lentement et à chuchoter au milieu de ce
vacarme, qui se terminait par un coup de pistolet, finale étrange,
fantastique, qui semblait impuissant à dissiper la vision de cette fête
lugubre.
Pendant quelques instants, Thérèse fut frappée de ce spectacle au point
d'oublier où elle était et de se croire dans le monde des rêves tristes.
Elle cherchait Laurent, et ne le trouvait pas.
Elle se hasarda dans le foyer, où se tenaient, sans masque et sans
déguisement, les hommes connus de tout Paris, et, quand elle en eut fait
le tour, elle allait se retirer, lorsqu'elle entendit prononcer son nom
dans un coin. Elle se retourna, et vit l'homme qu'elle avait tant aimé
assis entre deux filles masquées, dont la voix et l'accent avaient ce je
ne sais quoi de mou et d'aigre tout ensemble qui révèle la fatigue des
sens et l'amertume de l'esprit.
--Eh bien, disait l'une d'elles, tu l'as donc enfin abandonnée, ta fameuse
Thérèse? Il paraît qu'elle t'a trompé là-bas, en Italie, et que tu ne
voulais pas le croire?
--Il a commencé à s'en douter, reprit l'autre, le jour où il a réussi à
chasser le rival heureux.
Thérèse fut mortellement blessée de voir le douloureux roman de sa vie
livré à de pareilles interprétations, mais plus encore de voir Laurent
sourire, répondre à ces filles qu'elles ne savaient ce qu'elles disaient,
et leur parler d'autre chose, sans indignation et comme sans mémoire ou
sans souci de ce qu'il venait d'entendre. Thérèse n'eût jamais cru qu'il
n'était pas même son ami. Elle en était sûre maintenant! Elle resta, elle
écouta encore; elle sentait une sueur glacée coller son masque à sa
figure.
Cependant Laurent ne disait à ces filles rien qui ne pût être entendu de
tout le monde. Il babillait, s'amusait de leur caquet, et y répondait en
homme de bonne compagnie. Elles n'avaient aucun esprit, et deux ou trois
fois il bâilla en se cachant un peu. Néanmoins il restait là, se souciant
peu d'être vu de tous en cette compagnie, se laissant faire la cour,
bâillant de fatigue et non d'ennui réel, doux, distrait, mais aimable, et
parlant à ces compagnes de rencontre comme si elles eussent été des femmes
du meilleur monde, presque de bonnes et sérieuses amies, mêlées à des
souvenirs agréables de plaisirs que l'on peut avouer.
Cela dura bien un quart d'heure. Thérèse restait toujours. Laurent lui
tournait le dos. La banquette où il était assis se trouvait placée dans
l'embrasure d'une porte de glace sans tain, fermée en face de lui. Lorsque
des groupes errant dans les couloirs extérieurs s'arrêtaient contre cette
porte, les habits et les dominos faisaient un fond opaque, et la vitre
devenait une glace noire où l'image de Thérèse se répétait sans qu'elle
s'en aperçût. Laurent la vit à divers intervalles sans songer à elle; mais
peu à peu l'immobilité de cette figure masquée l'inquiéta, et il dit à ses
compagnes en la leur montrant dans le sombre miroir:
--Est-ce que vous ne trouvez pas ça effrayant, le masque?
--Nous te faisons donc peur?
--Non, pas vous: je sais comment vous avez le nez fait sous ce morceau de
satin; mais une figure qu'on ne devine pas, que l'on ne connaît pas, et
qui vous fixe avec cette prunelle ardente; je m'en vais d'ici, moi, j'en
ai assez.
--C'est-à-dire, reprirent-elles, que tu as assez de nous?
--Non, dit-il, j'ai assez du bal. On y étouffe. Voulez-vous venir voir
tomber la neige? Je vais au bois de Boulogne.
--Mais il y a de quoi mourir?
--Ah bien, oui! Est-ce qu'on meurt? Venez-vous?
--Ma foi, non!
--Qui veut venir en domino au bois de Boulogne avec moi? dit-il en élevant
la voix.
Un groupe de figures noires s'abattit comme une volée de chauves-souris
autour de lui.
--Combien cela vaut-il? disait l'une.
--Me feras-tu mon portrait? disait l'autre.
--Est-ce à pied ou à cheval? disait une troisième.
--Cent francs par tête, répondit-il, rien que pour se promener les pieds
dans la neige au clair de la lune. Je vous suivrai de loin. C'est pour
voir l'effet... Combien êtes-vous? ajouta-t-il au bout de quelques
instants. Dix! ce n'est guère. N'importe, marchons!
Trois restèrent en disant:
--Il n'a pas le sou. Il nous fera attraper une fluxion de poitrine, et ce
sera tout.
--Vous restez? reprit-il. Reste sept! Bravo, nombre cabalistique, les sept
péchés capitaux! Vive Dieu! je craignais de m'ennuyer, mais voilà une
invention qui me sauve.
--Allons, dit Thérèse, une fantaisie d'artiste!... Il se souvient qu'il
est peintre. Rien n'est perdu.
Elle suivit cette étrange compagnie jusqu'au péristyle, pour s'assurer
qu'en effet l'idée fantasque était mise à exécution; mais le froid fit
reculer les plus déterminées, et Laurent se laissa persuader d'y renoncer.
On voulait qu'il changeât la partie en un souper général.
--Ma foi, non! dit-il, vous n'êtes que des peureuses et des égoïstes,
absolument comme les femmes honnêtes. Je vais dans la bonne compagnie.
Tant pis pour vous!
Mais elles le ramenèrent dans le foyer, et il s'y établit entre lui,
d'autres jeunes gens de ses amis, et une troupe d'effrontées, une causerie
si vive, avec de si beaux projets, que Thérèse, vaincue par le dégoût, se
retira en se disant qu'il était trop tard. Laurent aimait le vice: elle ne
pouvait plus rien pour lui.
Laurent aimait-il le vice, en effet? Non, l'esclave n'aime pas le joug et
le fouet; mais, quand il est esclave par sa faute, quand il s'est laissé
prendre sa liberté, faute d'un jour de courage ou de prudence, il
s'habitue au servage et à toutes ses douleurs: il justifie ce mot profond
de l'antiquité, que, quand Jupiter réduit un homme en cet état, il lui ôte
la moitié de son âme.
Quand l'esclavage du corps était le fruit terrible de la victoire, le ciel
agissait ainsi par pitié pour le vaincu; mais, quand c'est l'âme qui subit
l'étreinte funeste de la débauche, le châtiment est là tout entier.
Désormais Laurent le méritait, ce châtiment. Il avait pu se racheter,
Thérèse y avait risqué, elle aussi, la moitié de son âme: il n'en avait
pas profité.
Comme elle remontait en voiture pour rentrer chez elle, un homme éperdu
s'élança à ses côtés.
C'était Laurent. Il l'avait reconnue au moment où elle quittait le foyer,
à un geste d'horreur involontaire dont elle n'avait pas eu conscience.
--Thérèse, lui dit-il, rentrons dans ce bal. Je veux dire à tous ces
hommes: «Vous êtes des brutes!» à toutes ces femmes: «Vous êtes des
infâmes!» Je veux crier ton nom, ton nom sacré à cette foule imbécile, me
rouler à tes pieds, et mordre la poussière en appelant sur moi tous les
mépris, toutes les insultes, toutes les hontes! Je veux faire ma
confession à haute voix dans cette mascarade immense, comme les premiers
chrétiens la faisaient dans les temples païens, purifiés tout à coup par
les larmes de la pénitence et lavés par le sang des martyrs...
Cette exaltation dura jusqu'à ce que Thérèse l'eût ramené à sa porte. Elle
ne comprenait plus du tout pourquoi et comment cet homme si peu enivré, si
maître de lui-même, si agréablement discoureur au milieu des filles du bal
masqué, redevenait passionné jusqu'à l'extravagance aussitôt qu'elle lui
apparaissait.
--C'est moi qui vous rends fou, lui dit-elle. Tout à l'heure on vous
parlait de moi comme d'une misérable, et cela même ne vous réveillait pas.
Je suis devenue pour vous comme un spectre vengeur. Ce n'était pas là ce
que je voulais. Quittons nous donc, puisque je ne peux plus vous faire que
du mal.
XIV
Ils se revirent pourtant le lendemain. Il la supplia de lui donner une
dernière journée de causerie fraternelle et de promenade _bourgeoise_,
amicale, tranquille. Ils allèrent ensemble au Jardin des Plantes,
s'assirent sous le grand cèdre, et montèrent au labyrinthe. Il faisait
doux; plus de traces de neige. Un soleil pâle perçait à travers des nuages
lilas. Les bourgeons des plantes étaient déjà gonflés de sève. Laurent
était poëte, rien que poëte et artiste contemplatif ce jour-là: un calme
profond, inouï, pas de remords, pas de désirs ni d'espérances; de la
gaieté ingénue encore par moments. Pour Thérèse, qui l'observait avec
étonnement, c'était à ne pas croire que tout fût brisé entre eux.
L'orage revint effroyable le lendemain, sans cause, sans prétexte, et
absolument comme il se forme dans le ciel d'été, par la seule raison qu'il
a fait beau la veille.
Puis, de jour en jour, tout s'obscurcit; et ce fut comme une fin du monde,
comme de continuels éclats de foudre au sein des ténèbres.
Une nuit, il entra chez elle fort tard, dans un état d'égarement complet,
et, sans savoir où il était, sans lui dire un mot, il se laissa tomber
endormi sur le sofa du salon.
Thérèse passa dans son atelier, et pria Dieu avec ardeur et désespoir de
la soustraire à ce supplice. Elle était découragée; la mesure était
comble. Elle pleura et pria toute la nuit.
Le jour paraissait lorsqu'elle entendit sonner à sa porte. Catherine
dormait, et Thérèse crut que quelque passant attardé se trompait de
domicile. On sonna encore; on sonna trois fois. Thérèse alla regarder par
la lucarne de l'escalier qui donnait au-dessus de la porte d'entrée. Elle
vit un enfant de dix à douze ans, dont les vêtements annonçaient l'aisance,
dont la figure levée vers elle lui parut angélique.
--Qu'est-ce donc, mon petit ami? lui dit-elle; êtes-vous égaré dans le
quartier?
--Non, répondit-il, on m'a amené ici; je cherche une dame qui s'appelle
mademoiselle Jacques.
Thérèse descendit, ouvrit à l'enfant, et le regarda avec une émotion
extraordinaire. Il lui semblait qu'elle l'avait déjà vu, ou qu'il
ressemblait à quelqu'un qu'elle connaissait et dont elle ne pouvait
retrouver le nom. L'enfant aussi paraissait troublé et indécis.
Elle l'emmena dans le jardin pour le questionner; mais, au lieu de
répondre:
--C'est donc vous, lui dit-il tout tremblant, qui êtes mademoiselle
Thérèse?
--C'est moi, mon enfant; que me voulez-vous? que puis-je faire pour vous?
--Il faut me prendre avec vous et me garder si vous voulez de moi!
--Qui êtes-vous donc?
--Je suis le fils du comte de ***.
Thérèse retint un cri, et son premier mouvement fut de repousser l'enfant;
mais tout à coup elle fut frappée de sa ressemblance avec une figure
qu'elle avait peinte dernièrement en la regardant dans une glace pour
l'envoyer à sa mère, et cette figure, c'était la sienne propre.
--Attends! s'écria-t-elle en saisissant le jeune garçon dans ses bras avec
un mouvement convulsif. Comment t'appelles-tu?
--Manoël.
--Oh! mon Dieu! qui donc est ta mère?
--C'est... on m'a bien recommandé de ne pas vous le dire tout de suite! Ma
mère... c'était d'abord la comtesse de ***, qui est là-bas, à La Havane;
elle ne m'aimait pas et elle me disait bien souvent: «Tu n'es pas mon fils,
je ne suis pas obligée de t'aimer.» Mais mon père m'aimait, et il me
disait souvent: «Tu n'es qu'à moi, tu n'as pas de mère.» Et puis il est
mort il y a dix-huit mois, et la comtesse a dit: «Tu es à moi et tu vas
rester avec moi.» C'est parce que mon père lui avait laissé de l'argent, à
la condition que je passerais pour leur fils à tous les deux. Cependant
elle continuait à ne pas m'aimer, et je m'ennuyais beaucoup avec elle,
quand un monsieur des États-Unis, qui s'appelle M. Richard Palmer, est
venu tout d'un coup me demander. La comtesse a dit: «Non, je ne veux pas.»
Alors M. Palmer m'a dit: «Veux-tu que je te reconduise à ta vraie mère,
qui croit que tu es mort, et qui sera bien contente de te revoir?» J'ai
dit: «Oui, bien sûr!» Alors M. Palmer est venu la nuit, dans une barque,
parce que nous demeurions au bord de la mer; et, moi, je me suis levé bien
doucement, bien doucement, et nous avons navigué tous les deux jusqu'à un
grand navire, et puis nous avons traversé toute la grande mer, et nous
voilà.
--Vous voila! dit Thérèse, qui tenait l'enfant pressé contre sa poitrine,
et qui, agitée d'un tremblement d'ivresse, le couvait et l'enveloppait
d'un seul et ardent baiser pendant qu'il parlait; où est-il, Palmer?
--Je ne sais pas, dit l'enfant. Il m'a amené à la porte, il m'a dit:
_Sonne!_ et puis je ne l'ai plus vu.
--Cherchons-le, dit Thérèse en se levant; il ne peut pas être loin!
Et, courant avec l'enfant, elle rejoignit Palmer, qui se tenait à quelque
distance, attendant de pouvoir s'assurer que l'enfant était reconnu par sa
mère.
--Richard! Richard! s'écria Thérèse en se jetant à ses pieds au milieu de
la rue encore déserte, comme elle l'eût fait quand même elle eût été
pleine de monde. Vous êtes _Dieu_ pour moi!...
Elle n'en put dire davantage; suffoquée par les larmes de la joie, elle
devenait folle.
Palmer l'emmena sous les arbres des Champs-Élysées et la fit asseoir. Il
lui fallut au moins une heure pour se calmer et se reconnaître, et pour
réussir à caresser son fils sans risquer de l'étouffer.
--A présent, lui dit Palmer, j'ai payé ma dette. Vous m'avez donné des
jours d'espoir et de bonheur, je ne voulais pas rester insolvable. Je vous
rends une vie entière de tendresse et de consolation, car cet enfant est
un ange, et il m'en coûte de me séparer de lui. Je l'ai privé d'un
héritage et je lui en dois un en échange. Vous n'avez pas le droit de vous
y opposer; mes mesures sont prises et tous ses intérêts sont réglés. Il a
dans sa poche un portefeuille qui lui assure le présent et l'avenir. Adieu,
Thérèse! Comptez que je suis votre ami à la vie et à la mort.
Palmer s'en alla heureux; il avait fait une bonne action. Thérèse ne
voulut pas remettre les pieds dans la maison où Laurent dormait. Elle prit
un fiacre, après avoir envoyé un commissionnaire à Catherine avec ses
instructions, qu'elle écrivit d'un petit café où elle déjeuna avec son
fils. Ils passèrent la journée à courir Paris ensemble, afin de s'équiper
pour un long voyage. Le soir, Catherine vint les rejoindre avec les
paquets qu'elle avait faits dans la journée, et Thérèse alla cacher son
enfant, son bonheur, son repos, son travail, sa joie, sa vie, au fond de
l'Allemagne. Elle eut le bonheur égoïste: elle ne pensa plus à ce que
Laurent deviendrait sans elle. Elle était mère, et la mère avait
irrévocablement tué l'amante.
Laurent dormit tout le jour et s'éveilla dans la solitude. Il se leva,
maudissant Thérèse d'avoir été à la promenade sans songer à lui faire
faire à souper. Il s'étonna de ne pas trouver Catherine, donna la maison
au diable, et sortit.
Ce ne fut qu'au bout de quelques jours qu'il comprit ce qui lui arrivait.
Quand il vit la maison de Thérèse sous-louée, les meubles emballés ou
vendus, et qu'il attendit des semaines et des mois sans recevoir un mot
d'elle, il n'eut plus d'espoir et ne songea plus qu'à s'étourdir.
Ce n'est qu'au bout d'un an qu'il sut le moyen de faire parvenir une
lettre à Thérèse. Il s'accusait de tout son malheur et demandait le retour
de l'ancienne amitié; puis, revenant à la passion, il finissait ainsi:
«Je sais bien que de toi je ne mérite pas même cela, car je t'ai maudite,
et, dans mon désespoir de t'avoir perdue, j'ai fait pour me guérir des
efforts de désespéré. Oui, je me suis efforcé de dénaturer ton caractère
et ta conduite à mes propres yeux; j'ai dit du mal de toi avec ceux qui te
haïssent, et j'ai pris plaisir à en entendre dire à ceux qui ne te
connaissent pas. Je t'ai traitée absente comme je te traitais quand tu
étais là! Et pourquoi n'es-tu plus là? C'est ta faute si je deviens fou;
il ne fallait pas m'abandonner... Oh! malheureux que je suis, je sens que
je te hais en même temps que je t'adore. Je sens que toute ma vie se
passera à t'aimer et à te maudire... Et je vois bien que tu me hais! Et je
voudrais te tuer! Et, si tu étais là, je tomberais à tes pieds! Thérèse,
Thérèse, tu es donc devenue un monstre, que tu ne connais plus la pitié?
Oh! l'affreux châtiment que celui de cet incurable amour avec cette colère
inassouvie! Qu'ai-je donc fait, mon Dieu, pour en être réduit à perdre
tout, jusqu'à la liberté d'aimer ou de haïr?»
Thérèse lui répondit:
«Adieu pour toujours! Mais sache que tu n'as rien fait contre moi que je
n'aie pardonné, et que tu ne pourras rien faire que je ne puisse pardonner
encore. Dieu condamne certains hommes de génie à errer dans la tempête et
à créer dans la douleur. Je t'ai assez étudié dans tes ombres et dans ta
lumière, dans ta grandeur et dans ta faiblesse, pour savoir que tu es la
victime d'une destinée, et que tu ne dois pas être pesé dans la même
balance que la plupart des autres hommes. Ta souffrance et ton doute, ce
que tu appelles ton châtiment, c'est peut-être la condition de ta gloire.
Apprends donc à le subir, Tu as aspiré de toutes tes forces à l'idéal du
bonheur, et tu ne l'as saisi que dans tes rêves. Eh bien, tes rêves, mon
enfant, c'est la réalité, à toi, c'est ton talent, c'est la vie; n'es-tu
pas artiste?
»Sois tranquille, va, Dieu te pardonnera de n'avoir pu aimer! Il t'avait
condamné à cette insatiable aspiration pour que ta jeunesse ne fût pas
absorbée par une femme. Les femmes de l'avenir, celles qui contempleront
ton oeuvre de siècle en siècle, voilà tes soeurs et tes amantes.»
FIN
E. GREVIN--IMPRIMERIE DE LAGNY--11640 11 21.
* * * * *
OEUVRES COMPLÈTES DE GEORGE SAND
publiées par CALMANN-LÉVY, ÉDITEURS
LES AMOURS DE L'AGE D'OR.
ANDRIANI.
ANDRÉ.
ANTONIA.
AUTOUR DE LA TABLE.
LE BEAU LAURENCE.
LES BEAUX MESSIEURS DU BOIS DORÉ.
CADIO.
CÉSARINE DIETRICH.
LE CHATEAU DES DÉSERTES.
LE CHATEAU DE PICTORDU.
LE CHÊNE PARLANT.
LE COMPAGNON DU TOUR DE FRANCE.
LA COMTESSE DE RUDOLSTADT.
LA CONFESSION D'UNE JEUNE FILLE.
CONSTANCE VERRIER.
CONSUELO.
CORRESPONDANCE.
CORRESPONDANCE ENTRE GEORGE SAND ET GUSTAVE FLAUBERT.
CONTES D'UNE GRAND'MÈRE.
LA COUPE.
LES DAMES VERTES.
LA DANIELLA.
LA DERNIÈRE ALDINI.
LE DERNIER AMOUR.
DERNIÈRES PAGES.
LES DEUX FRÈRES.
LE DIABLE AUX CHAMPS.
ELLE ET LUI.
LA FAMILLE DE GERMANDRE.
LA FILLEULE.
FLAMARANDE.
FLAVIE.
FRANCIA.
FRANçOIS LE CHAMPI.
HISTOIRE DE MA VIE.
UN HIVER A MAJORQUE--Spiridion.
L'HOMME DES NEIGES.
HORACE.
IMPRESSIONS ET SOUVENIRS.
INDIANA.
ISIDORA.
JACQUES.
JEAN DE LA ROCHE.
JEAN ZISKA--Gabriel.
JEANNE.
JOURNAL D'UN VOYAGEUR PENDANT LA GUERRE.
LAURA.
LEGENDES RUSTIQUES.
LÉLIA--Métella--Cora.
LETTRES D'UN VOYAGEUR.
LUCREZIA-FLORIANI-LAVINIA.
MADEMOISELLE LA QUINTINIE.
MADEMOISELLE MERQUEM.
LES MAITRES MOSAÏSTES.
LES MAITRES SONNEURS.
MALGRÉTOUT.
LA MARE AU DIABLE.
LE MARQUIS DE VILLEMER.
MA SOEUR JEANNE.
MAUPRAT.
LE MEUNIER D'ANGIBAULT.
MONSIEUR SYLVESTRE.
MONT-REVÊCHE.
NANON.
NARCISSE.
NOUVELLES.
NOUVELLES LETTRES D'UN VOYAGEUR.
PAULINE.
LA PETITE FADETTE.
LE PÉCHÉ DE M. ANTOINE.
LE PICCININO.
PIERRE QUI ROULE.
PROMENADES AUTOUR D'UN VILLAGE.
QUESTIONS D'ART ET DE LITTÉRATURE.
QUESTIONS POLITIQUES ET SOCIALES.
LE SECRÉTAIRE INTIME.
LES SEPT CORDES DE LA LYRE.
SIMON.
SOUVENIRS DE 1848.
TAMARIS.
TEVERINO--Léone Léoni.
THÉÂTRE COMPLET.
THÉÂTRE DE NOHANT.
LA TOUR DE PERCEMONT.--Marianne.
L'USCOQUE.
VALENTINE.
VALVÈDRE.
LA VILLE NOIRE.
* * * * *
FIN