William Shakespear

Venus et Adonis
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CXLVII.--Tout à coup elle entend que les chiens sont aux abois: elle
tressaille; comme celui qui aperçoit devant lui une vipère repliée en
funestes anneaux, tremble et frissonne dans sa terreur, de même le
timide jappement des chiens épouvante Vénus et trouble tous ses sens.

CXLVIII.--Car elle n'ignore plus que ce n'est pas une chasse sans
danger, et qu'on poursuit le sanglier farouche, l'ours féroce ou le
superbe lion. Les cris partent toujours du même point et la voix des
chiens exprime la terreur. A la vue d'un si redoutable ennemi ils se
font tous des politesses à qui l'attaquera le premier.

CXLXIX.--Ces cris lugubres retentissent tristement à l'oreille de Vénus,
et pénètrent par surprise jusqu'à son coeur, qui, accablé par le doute
et par la terreur glacé, engourdit d'une faiblesse mortelle tous les
sens de la déesse; tels que des soldats qui, voyant leur capitaine se
rendre, fuient lâchement et n'osent tenir la campagne.

CL.--C'est ainsi qu'elle s'arrête tremblante, jusqu'à ce que, pour
ranimer ses sens abattus, elle leur dise que c'est une terreur sans
fondement, et une illusion puérile qui les effraye. Elle leur ordonne de
ne plus trembler, elle leur ordonne de ne rien craindre, et au même
instant elle aperçoit le sanglier poursuivi.

CLI.--Une écume blanche teinte de rouge comme un mélange de sang et de
lait teint sa gueule entr'ouverte à un sang couleur de pourpre: une
nouvelle terreur parcourt tout le corps de Vénus et l'emporte comme une
folle sans qu'elle sache où elle va; elle court d'un côté, puis n'ose
aller plus avant, et revient sur ses pas pour accuser le sanglier de
meurtre.

CLII.--Mille pensées contraires l'entraînent de mille côtés divers; elle
revient dans les sentiers qu'elle a quittés; sa précipitation se joint à
des délais; semblable à l'homme pris de vin qui, ayant l'air de faire
attention à tout, et toujours inattentif, commence toujours et ne
termine rien.

CLIII.--Ici elle trouve un limier réfugié dans un buisson, et demande à
l'animal fatigué où est son maître; plus loin elle en trouve un autre
qui lèche ses blessures, seul baume souverain contre les plaies
envenimées: en voici un autre qui se traîne d'un air chagrin; elle lui
parle, et il lui répond en hurlant.

CLIV.--A peine a-t-il terminé ses discordantes clameurs, qu'un autre
chien blessé, à la gueule béante, le poil noir et hérissé, déchire les
airs de sa voix plaintive; un autre, et puis un autre encore, lui
répondent en traînant leur noble queue jusqu'à terre et secouant leurs
oreilles écorchées en versant leur sang à chaque pas.

CLV.--Voyez! de même que les pauvres habitants du monde sont effrayés
par les apparitions, les signes et les prodiges qu'ils contemplent
longtemps d'un oeil effaré en leur attribuant de sinistres prophéties,
de même Vénus à ces signes funestes, respire avec peine, et puis
soupirant, s'indigne contre la Mort.

CLVI.--«Tyran horrible, affreux, maigre, décharné, odieux ennemi de
l'Amour!--C'est ainsi qu'elle inspire la mort. Fantôme au sourire
sinistre, ver de la terre, que prétends-tu donc? étouffer la beauté, et
terminer les jours de celui qui, pendant sa vie, d'un souffle donnait de
l'éclat à la rose, du parfum à la violette.

CLVII.--«S'il est mort... Oh! non; il est impossible qu'en voyant sa
beauté tu aies osé le frapper! Oh! oui, c'est possible, tu n'as point
d'yeux pour voir, mais dans ta rage tu frappes au hasard; ton but est la
vieillesse; mais ton trait infidèle manque ce but, et perce le coeur
d'un enfant.

CLVIII.--«Si tu lui avais seulement dit de prendre garde, il eût parlé;
à sa voix ton bras eût été sans pouvoir. Les destinées te maudiront pour
ce coup fatal: elles t'ordonnent d'arracher une mauvaise herbe, tu
arraches une fleur. C'est la flèche d'or de l'Amour qui aurait dû
l'atteindre, et non le dard d'ébène de la Mort pour le tuer.

CLIX.--«As-tu soif de larmes, que tu en veuilles faire tant verser? quel
bien un douloureux sanglot peut-il te faire? pourquoi as-tu plongé dans
l'éternel sommeil ces yeux qui apprenaient à voir à tous les yeux?
Maintenant la nature s'inquiète peu de tes coups mortels, puisque ta
rigueur a détruit son plus bel ouvrage.»

CLX.--Ici, accablée comme une femme désespérée, elle abaisse ses
paupières, qui, comme des écluses, arrêtent l'humide cristal qui coulait
en ruisseau de ses deux belles joues, jusque dans le doux lit de son
sein: mais cette pluie argentée se fait bientôt jour à travers ces
obstacles, et les contraint de se rouvrir par son cours impétueux.

CLXI.--Oh! combien ses yeux et ses larmes se furent réciproquement
redevables! Ses yeux se voient dans les larmes, les larmes dans ses
yeux: l'un et l'autre cristal reproduisent leur douleur mutuelle, leurs
douleurs que des soupirs consolateurs cherchaient à calmer. Mais comme
on voit dans un jour d'orage tantôt la pluie, tantôt le vent, les
soupirs sèchent ses joues que les larmes inondent encore.

CLXII.--Des passions variables se pressent autour de sa constante
douleur, comme se disputant à qui conviendra le mieux à sa détresse.
Chacune d'elles est accueillie, chaque passion sauvage à la douleur
présente semble la plus forte; mais aucune ne l'emporte sur les autres;
alors elles se confondent ensemble comme un groupe de nuages qui se
consultent pour une tempête.

CLXIII.--Cependant elle entend un chasseur appeler dans le lointain.
Jamais chant de nourrice ne plut autant à son nourrisson. Ce son appelle
l'espérance, qui s'efforce de bannir les tristes idées qu'elle poursuit:
la joie renaissante l'engage à se réjouir et la flatte en lui persuadant
que c'est la voix d'Adonis.

CLXIV.--Ses larmes remontent à leur source, et restent prisonnières dans
ses yeux comme des perles sous un verre: cependant parfois une de ces
perles orientales s'échappe sur sa joue qui l'absorbe, comme si elle
craignait de la laisser passer et de la voir laver le sale visage de la
terre, qui n'est qu'enivrée lorsqu'elle semble noyée.

CLXV.--Inexplicable amour! qu'il est étrange de ne pas croire et d'être
si crédule! ton bonheur et ta souffrance sont également extrêmes; le
désespoir et l'espérance te rendent également ridicule: l'une te flatte
par d'improbables pensées, et l'autre te détruit aussitôt par des
pensées vraisemblables!

CLXVI.--Maintenant elle défait le tissu qu'elle a fabriqué: Adonis vit,
la mort n'est plus coupable. Ce n'est pas elle qui l'accusait de ne rien
valoir; elle s'empresse d'ajouter des louanges à son nom odieux: elle
l'appelle la reine des tombeaux, le tombeau des rois, la souveraine de
toutes les choses mortelles.

CLXVII.--«Non, non, dit-elle, aimable Mort, je ne faisais que
plaisanter; cependant pardonne-moi, j'éprouvai une espèce de crainte en
voyant le sanglier, cet animal féroce qui ne connut jamais la pitié mais
qui reste impitoyable. Voilà pourquoi, aimable fantôme (je dois avouer
la vérité), je t'accusais, craignant la mort de mon amant.

CLXVIII.--«Ce n'est pas ma faute; le sanglier a provoqué ma langue.
Prends-t'en à lui, invisible souveraine; c'est cet odieux animal qui t'a
outragée; je n'étais que son instrument; c'est lui qui est l'auteur de
la calomnie. La douleur a deux langues; et jusqu'ici jamais une femme ne
put les gouverner toutes deux sans avoir l'esprit de dix femmes.»

CLXIX.--Espérant qu'Adonis est vivant, c'est ainsi qu'elle atténue ses
premiers soupçons, et pour préserver la beauté d'Adonis, elle cherche à
s'insinuer humblement dans les bonnes grâces de la Mort; elle lui parle
de ses trophées, de ses statues, de ses monuments; elle raconte ses
victoires, ses triomphes et ses gloires.

CLXX.--«O Jupiter! dit-elle, que j'étais insensée de m'abandonner à tant
de faiblesse, et de pleurer la mort de celui qui vit et ne doit pas
mourir jusqu'au renversement complet de toute l'espèce humaine; car avec
lui périrait la beauté; et la beauté une fois morte le noir chaos
régnerait de nouveau!

CLXXI.--«Fi donc, fol amour, tu es aussi craintif qu'un homme chargé
d'un trésor et pressé par les voleurs; des bagatelles, que n'ont
distinguées ni l'oeil ni l'oreille, troublent ton lâche coeur de fausses
alarmes.» Elle entend à ce dernier mot un cor joyeux, elle bondit, elle
qui tout à l'heure était si abattue.

CLXXII.--Elle vole, telle qu'un faucon vers sa proie, et le gazon ne
fléchit pas, tant elle le foule légèrement et dans sa hâte elle aperçoit
le triomphe de l'odieux sanglier sur celui qu'elle aimait; à ce
spectacle ses yeux, comme frappés de mort, se cachent, semblables aux
étoiles honteuses du jour.

CLXXIII.--Telle encore que le limaçon qui, si ses cornes délicates sont
touchées, rentre souffrant dans sa caverne d'écaille, et là tout
rabougri reste longtemps à l'ombre avant d'oser ressortir de nouveau; de
même à l'aspect du cadavre sanglant, les yeux de Vénus se sont réfugiés
dans les sombres orbites de sa tête.

CLXXIV.--Là, ils abandonnent leur fonction et leur lumière à
l'indisposition du cerveau troublé qui leur ordonne de s'associer avec
la nuit sombre, et de ne plus blesser le coeur par leurs regards; comme
un roi affligé sur son trône, ce coeur pousse un douloureux gémissement
excité par leurs suggestions.

CLXXV.--Cependant, chaque sens tributaire frémit, de même que le vent,
emprisonné dans la terre, s'efforçant de s'ouvrir un passage, ébranle
les fondements du monde, ce qui trouble l'esprit des hommes par de
sinistres terreurs. Ce bouleversement surprend si fort chaque organe que
les yeux s'élancent de nouveau de leurs sombres retraites.

CLXXVI.--En souriant, ils jettent à regret leur lumière sur la large
blessure que le sanglier a faite dans le tendre sein d'Adonis, dont la
blancheur ordinaire, semblable à celle du lis, était inondée de larmes
de pourpre répandues par la plaie. Il n'était à l'entour aucune fleur,
aucune herbe, aucune plante, aucune feuille, aucune racine qui ne lui
ravît son sang, et ne semblât saigner avec lui.

CLXXVII.--La pauvre Vénus remarque cette sympathie solennelle; elle
penche sa tête sur une épaule, son désespoir est muet, elle s'abandonne
à son délire. Elle pense qu'il ne pouvait mourir, qu'il n'est pas mort.
Sa voix est étouffée, ses genoux oublient de fléchir; ses yeux sont
furieux d'avoir pleuré naguère!

CLXXVIII.--Elle tient ses regards constamment fixés sur la blessure, sa
vue éblouie la lui représente triple, et alors elle blâme ses yeux
féroces de multiplier les blessures là où il ne devait y en avoir
aucune. Le visage d'Adonis paraît double, chacun de ses membres est
doublé, car souvent l'oeil s'abuse quand le cerveau est troublé.

CLXXIX.--«Ma langue, dit-elle, ne peut exprimer ma douleur pour un seul,
et cependant voilà deux Adonis morts. Je n'ai plus de soupirs; mes
larmes amères sont taries, mes yeux sont un feu brûlant, mon coeur est
changé en plomb et le plomb de mon coeur accablé se dissout devant le
feu ardent de mes yeux; je mourrai dans cette flamme liquide du désir.

CLXXX.--«Hélas, pauvre univers! quel trésor tu as perdu? quel visage
reste ici-bas digne d'être regardé? quelle langue musicale
entendons-nous? qu'y a-t-il dans le passé ou dans l'avenir qui puisse
désormais faire ta gloire? Ces fleurs sont suaves, leurs couleurs
fraîches et vermeilles, mais la véritable et parfaite beauté vivait et
est morte dans lui.

CLXXXI.--«Qu'aucune créature ne porte à l'avenir ni toque ni voile! Ni
le soleil ni le vent ne chercheront à vous caresser; n'ayant point de
beauté à perdre, vous ne devez plus craindre: le soleil vous dédaigne,
et le vent vous siffle; mais quand Adonis vivait, le soleil et le vent
l'épiaient comme deux voleurs pour lui ravir sa beauté.

CLXXXII.--«C'est pourquoi il mettait sa toque sous les bords de laquelle
le soleil brillant se glissait; le vent l'emportait, et puis jouait avec
ses cheveux: Adonis pleurait alors, et, par pitié pour ses tendres
années, tous deux se disputaient à qui le premier sècherait ses larmes.

CLXXXIII.--«Pour voir ses traits, le lion se cachait derrière les haies,
de peur de l'effrayer; pour jouir de son chant, le tigre, devenu
apprivoisé, l'écoutait sans bruit. A sa voix, le loup abandonnait sa
proie, et de tout le jour, il n'effrayait plus l'innocent agneau.

CLXXXIV.--«Quand il regardait son ombre dans un ruisseau, les poissons
déployaient sur elle leurs nageoires dorées. Quand il s'approchait
d'eux, les oiseaux étaient si ravis que quelques-uns chantaient, et
d'autres lui apportaient dans leurs becs des mûres et de rouges cerises.
Il les nourrissait de sa vue, et eux le nourrissaient de fruits.

CLXXXV.--«Mais ce sanglier hideux et féroce avec un museau de hérisson,
qui de son oeil baissé cherche sans cesse un tombeau, ne vit jamais les
charmes d'Adonis, témoin le traitement qu'il lui a fait, ou s'il a vu
son visage, je sais alors que c'est en voulant le caresser qu'il l'a
tué.

CLXXXVI.--«C'est vrai, c'est vrai, c'est ainsi qu'Adonis a été tué. Il
courait sur le sanglier avec sa lance acérée; l'animal, n'eût point
voulu le blesser de ses défenses, mais il voulait le désarmer par un
baiser. C'est involontairement que l'animal amoureux a entr'ouvert ses
flancs délicats et plongé ses défenses dans son sein.

CLXXXVII.--«Si j'avais eu des dents comme lui, je dois avouer que je
l'aurais déjà tué en l'embrassant; mais il est mort, il n'a pas réjoui
ma jeunesse de son amour. J'en suis bien plus malheureuse.» A ces mots
elle tombe, et souille son visage avec le sang glacé d'Adonis.

CLXXXVIII.--Elle regarde ses lèvres, elles sont pâles; elle lui prend la
main, elle est froide; elle murmure à son oreille un sombre récit comme
s'il entendait ses tristes paroles. Elle soulève les paupières qui
couvrent ses yeux, et voici: deux lampes éteintes y sont dans
l'obscurité.

CLXXXIX.--Ce sont deux places où mille fois elle se vit elle-même, et
qui ne réfléchissent plus ses traits; elles ont perdu cette vertu où
elles excellaient tout à l'heure et toutes les beautés d'Adonis ont
perdu leur influence. «Merveille des temps! dit-elle, je suis irritée
qu'après ta mort le jour éclaire encore.

CXC.--«Puisque tu n'es plus! voici: Je prédis que désormais la douleur
suivra partout l'amour, il sera escorté de la jalousie, trouvera les
préludes pleins de douceur et la fin insipide. Jamais il ne sera bien
d'accord; il sera toujours trop fort ou trop faible, afin que tous ses
plaisirs n'égalent jamais ses peines.

CXCI.--«Il sera volage, perfide, trompeur il naîtra et il sera anéanti
dans un instant; il trouvera au fond du vase une lie empoisonnée, et les
bords seuls enduits d'un miel qui trompera les plus habiles. Il fera
perdre au plus robuste sa force; il rendra le sage muet, et enseignera à
l'imbécile l'art de parler.

CXCII.--«Il sera économe et débauché, il apprendra à la vieillesse
décrépite les mesures de la danse; il calmera le scélérat étonné,
ruinera le riche, enrichira le pauvre; il sera fou à lier, tendre
jusqu'à la faiblesse; il vieillira le jeune homme, et ramènera la
vieillesse à l'enfance.

CXCIII.--«Il sera soupçonneux là où il n'aura aucun motif de crainte; il
ne craindra rien quand il devra se méfier. Il sera compatissant et trop
sévère, et d'autant plus trompeur qu'il semblera plus juste. Il sera
pervers alors qu'on le croira tendre; il inspirera des terreurs à la
valeur, et donnera du courage au lâche.

CXCIV.--«Il sera la cause de guerres et de funestes événements, divisera
le père et le fils, il sera soumis et asservi à tous les mécontentements
comme le bois sec l'est au feu. Puisque la mort détruit mon amour dans
son printemps, ceux qui aimeront le mieux ne jouiront pas de leur
amour.»

CXCV.--Tout à coup l'enfant étendu mort auprès d'elle s'évanouit à ses
yeux comme une vapeur; et dans son sang, répandu sur la terre, naquit
une fleur pourpre tachetée de blanc, semblable à ses pâles joues et au
sang qui en parsemait la pâleur en gouttes arrondies.

CXCVI.--Vénus baisse la tête pour sentir la nouvelle fleur, et la
compare au souffle de son Adonis. «Elle sera déposée dans mon sein,
dit-elle, puisque Adonis lui-même m'a été arraché par la mort.» Elle
cueille la fleur, et la tige laisse échapper une sève verte qu'elle
appelle des larmes.

CXCVII.--«Pauvre fleur, ajoute-t-elle, c'était ainsi (douce fille d'un
père plus doux encore que ton parfum), c'était ainsi que ton père
pleurait au moindre chagrin; croître pour lui seul était son désir comme
c'est le tien; mais sache qu'il vaut autant te flétrir dans mon sein que
dans ton sang.

CXCVIII.--«Ici fut la couche de ton père, ici dans mon sein; tu es son
héritière, voici ta place. Repose dans ce doux berceau, où les
battements de mon coeur te berceront jour et nuit. Il ne se passera pas
une minute dans une heure sans que je baise la fleur de mon bien-aimé.»

CXCIX.--C'est ainsi que, fatiguée du monde, Vénus s'enfuit, elle
accouple ses colombes argentées, et par leur secours s'élève dans
l'espace des airs. Attelées à son char rapide, elles se dirigent vers
Paphos où leur reine veut s'enfermer et ne plus se laisser voir.


FIN DE VÉNUS ET ADONIS.
                
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